La première partie du pont Neuf fut posée en 1578, mais du fait des guerres civiles, les travaux furent interrompus et achevés seulement en 1604, sous Henri IV.
Long de 238m, large de 20m, il est divisé en deux parties, séparées par un terre plein où est érigée la statue de Henri IV.
Sept arches sur le grand bras, cinq sur le petit, toutes en maçonnerie et à peu près de plein cintre.
L'ouverture des arches est de 16.4m à 19.4m sur le grand bras, de 9m à 16.7m sur le petit.
Le pont a subsisté dans son état primitif jusqu'en 1850 où, en vue d'abaisser la chaussée, on fut amené à reconstruire six arches sur sept du grand bras, en les traçant en anse de panier.
De 1887 à 1890: consolidation des piles fondées sur de simples lits de bois sur terrain affouillable.
Le pont Neuf est sans doute le pont le plus connu de tous les ponts parisiens, à tel point qu'il constitue, en quelque sorte, l'archétype du pont parisien.
A priori, rien de prédisposait cet ouvrage à une telle gloire: avant sa construction, la ville possédait des ponts d'origine millénaire qui, bien que plusieurs fois reconstruits, auraient pu, de par leur ancienneté, le dépasser en célébrité; d'autres comme le pont royal, présentent une architecture beaucoup plus prestigieuse, classique et équilibrée.
Malgré cela, le pont Neuf les a tous surpassés, et de loin, en renommée.
C'est au milieu du XVIème siècle que la nécessité d'un nouveau pont sur la seine se fait sentir, en raison notamment de l'encombrement quasi permanent du pont Notre-Dame et du mauvais état de celui-ci.
Déjà, Henri II avait reçu de nombreuses demandes des habitants du faubourg Saint Germain et du quartier de l'Université qui souhaitaient la construction d'un nouveau pont entre le Louvre et la tour de Nesle.
La ville ne pouvant prendre en charge une telle dépense, les choses en restèrent là pour un temps; mais finalement, le prévôt des marchands, Nicolas Thuillier, obtint gain de cause auprès d'Henri III pour que la réalisation de l'ouvrage soit faite aux frais du Trésor, c'est à dire de l'état.
Le 31 mai 1578, il pose la première pierre en présence de sa mère, Catherine de Médicis, et de la reine Louise, son épouse.
Jusqu'en 1584 le chantier progresse à peu près normalement, mais les guerres de religion et le désordre politique ambiant provoquent une interruption des travaux jusqu'en 1599.
La réalisation reprend alors, sous l'impulsion vigoureuse de Henri IV, et s'achève, du moins pour l'essentiel, en 1607.
L'ouvrage, dont l'aspect n'est pas très différent de ce que l'on peut voir actuellement, comporte sept arches de plein cintre sur le grand bras de la Seine et cinq sur le petit bras.
il s'agit en fait de deux ponts indépendants séparés par la pointe occidentale de l'île de la Cité.
Sa grande largeur, du moins pour l'époque, s'explique par le fait que le pont devait être primitivement construit; mais Henri IV décida du contraire, n'autorisant que l'installation de boutiques volantes et d'étalages divers.
On lui doit une autre innovation, celle d'avoir des trottoirs.
Au plan de la décoration, le pont comporte deux éléments distinctifs.
Tout d'abord, les tourelles en forme de demi lunes qui couronnent ses becs de pile en lui donnant un aspect si caractéristique; ces demi lunes furent en même temps surmontées de boutiques (de 1775 à 1854).
Ensuite, la série de masques grotesques, les "mascarons", qui en décorent les corniches, tant à l'aval qu'a l'amont.
Au nombre de 384, on ne sait pas très bien qui en sont les auteurs, d'autant que, victimes de la dégradation de la pierre, ils furent remplacés à plusieurs reprises.
Signalons aussi la présence de la pompe de la "samaritaine" dont le souvenir est perpétué par les grands magasins qui lui ont emprunté son nom.
Située sur des pilotis, à l'aplomb de la deuxième arche coté rive droite, elle alimentait en eau le Louvre et les Tuilleries.
Menaçant ruine elle fut démolie en 1813.
Enfin, il parait difficile de passer sous silence la statue équestre de Henri IV qui, bien que située en dehors du pont, sur le terre plein qui sépare les deux ouvrages, n'en constitue pas moins un des points forts de l'ensemble.
La statue originale, uvre de Jean de Bologne, fut emportée par la tourmente de la révolution; mais en 1814, le sculpteur Henri Victor Roguier fut chargé d'en refaire une réplique aussi fidèle que possible, qui fut mise en place à l'été 1818.
On raconte que le fondeur, bonapartiste convaincu, y aurait inclus des souvenirs napoléoniens, dont une statuette de l'empereur.
Depuis la date de son achèvement, le pont Neuf a subi pas mal d'interventions: en 1621 et 1666, consolidation de diverses piles; en 1778, reprise de la grande voûte du grand bras; en 1827, restauration de l'arche de rive quai des grands Augustins; de 1848 à 1855, réparation des voûtes et abaissement du profil en long de la chaussée sur le petit bras, reconstruction en anse de panier de six des sept voûtes de plein cintre du grand bras avec, pour les deux bras, l'établissement de pans coupés aux raccordements avec les quais et la réfection de la totalité des mascarons; en 1855, reconstruction de la deuxième arche du petit bras à partir de la rive gauche qui, s'étant affaissée, a entraîné dans son mouvement les deux arches attenantes; de 1880 à 1890, reprise des fondations de toutes les piles...
L'ouvrage fait l'objet, arche par arche, d'une réfection complète de ses maçonneries.
Concepteurs
ANDROUET DU CERCEAU MARCHAND
Constructeur
PETIT MARCHAND
Date de construction
1578 - 1607
Longueur totale
238m: petit bras 78m, grand bras 154m
Largeur utile
20.5m: chaussée 11.5m, deux trottoirs de 4.5m
Dispositif constructif
Arches en maçonnerie à peu près de plein cintre, certaines ayant été surbaissées ultérieurement en anse de panier.
Grand bras: sept arches d'ouverture comprise entre 16.4m et 19.4m
Petit bras: cinq arches d'ouverture comprise entre 9m et 16.7m
Décoration
384 mascarons sous les consoles supportant la corniche.